La dyspraxie visuospatiale : un trouble qui affecte la compréhension de l’espace

Par Geneviève Cusson, Orthopédagogue M.A. et Karine Desjardins, Ergothérapeute

Chronique orthopédagogique Mystère et boule de gomme, Ski-se-Dit, juin 2022

La dyspraxie visuospatiale : un trouble qui affecte la compréhension de l’espace

 

La dyspraxie visuospatiale, ça vous dit quelque chose? C’est pourtant la forme de dyspraxie la plus courante. Il y a quelques chroniques de cela, nous avions abordé le trouble du développement de la coordination motrice et le trouble des sons de la parole. Ces deux troubles sont aussi des dyspraxies puisqu’ils consistent en un dysfonctionnement de la planification des gestes moteurs qui nous permettent d’accomplir certaines tâches avec automatisme comme lacer nos souliers, manger avec un ustensile ou parler. En ce qui concerne la dyspraxie visuospatiale, c’est la capacité à bouger les yeux de manière coordonnée et volontaire qui est déficitaire.

Chez les tout-petits, il est normal que l’enfant ne trouve pas d’emblée les ciseaux parmi tout le matériel de bricolage devant lui, car sa capacité d’exploration visuelle est encore en développement.  En grandissant, l’enfant développe des stratégies qui lui permettent une recherche et une analyse visuelle efficace pour fixer son regard sur un objet précis et le suivre lorsqu’il se déplace dans l’espace.  Or, on parle de dyspraxie visuospatiale lorsque cette capacité ne s’acquiert pas normalement.  

La dyspraxie visuospatiale affecte principalement la coordination des gestes oculomoteurs et, en conséquence, la capacité à comprendre et à analyser l’espace. En effet, comme la notion d’espace s’acquiert à partir des données visuelles, une défaillance du geste du regard entraine donc forcément des difficultés à comprendre, à analyser et à visualiser l’espace ainsi qu’à s’y orienter.  L’individu atteint de ce trouble peut ainsi avoir de la difficulté à distinguer la droite de la gauche, à reconnaître les différences entre des figures semblables, à visualiser où sont les objets les uns par rapport aux autres, à estimer une mesure, etc. Pouvez-vous imaginer les difficultés d’apprentissage que ce trouble peut occasionner sachant que plus de 80 % des apprentissages passent par le visuel ?

Le dépistage de la dyspraxie visuospatiale se fait d’ailleurs principalement à l’entrée à l’école puisque c’est à ce moment que le trouble devient handicapant. Concrètement, l’enfant peut facilement sauter un mot, voire une ligne entière, pendant un exercice de lecture. Il peut avoir de la difficulté à distinguer le u du n ou le b du d. Retrouver une information dans le texte parmi un fouillis de lettres peut aussi s’avérer ardu. En écriture, l’enfant peut nécessiter plus de temps pour tracer certaines lettres du bon côté tout en respectant le trottoir. Il lui est difficile de copier un mot, surtout s’il est écrit au tableau puisqu’il doit lever et redescendre la tête; à tout coup, il perd la cible! Pour ce qui est de l’apprentissage des mathématiques, compter des objets et la géométrie posent particulièrement problème… Visualiser un solide en 3D, se déplacer dans un plan cartésien ou une droite numérique, faire des opérations bien alignées, dessiner des figures sont des tâches qui nécessitent de bonnes habiletés visuospatiales et perceptuelles.  Si l’enfant n’y arrive pas, ce n’est pas faute de comprendre l’objet enseigné. Avec un simple coup de pouce pour organiser les informations, les performances d’un enfant dyspraxique s’améliorent souvent significativement. C’est donc purement une question oculomotrice!

La dyspraxie visuospatiale est un trouble permanent,  « à vie »! L’individu atteint doit donc compenser ses difficultés en trouvant des stratégies qui réduisent sa situation de handicap. Bien que l’optométriste développemental, le neuropsychologue et l’ergothérapeute puissent dépister la dyspraxie visuospatiale, l’ergothérapeute est le professionnel tout indiqué pour aider l’individu à apprendre à vivre avec son trouble. Attention, un simple test de la vue n’est pas suffisant; il est tout à fait possible d’obtenir 20/20 au test de la vue et être un dyspraxique visuospatial!

Alors, si vous croisez un individu qui ne distingue pas la droite de la gauche instantanément, qui semble maladroit, qui peine à attraper un trousseau de clés… Ne vous moquez pas trop vite! Sa perception de son environnement n’est peut-être simplement pas tout à fait adéquate…

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À propos de Geneviève Cusson

Orthopédagogue M.A. et directrice générale chez Futé

Une véritable passionnée de pédagogie et d’orthopédagogie! En fondant Futé, cette orthopédagogue d’expérience veut partager sa passion, son expertise et ses connaissances pour rehausser le niveau de littératie et augmenter la réussite scolaire.

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