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La dyspraxie verbale :

« Qu’est-ce qu’y dit? »

Par Geneviève Cusson, Orthopédagogue M.A. et Geneviève Chénier, M.Sc.S. Orthophoniste

 Chronique orthopédagogique Mystère et boule de gomme, Ski-se-Dit, novembre 2021

La dyspraxie verbale : « Qu’est-ce qu’y dit? »

Il vous est arrivé d’échanger avec une personne dont le discours vous semblait incompréhensible bien que celle-ci parle un bon français québécois? Un peu comme si vous vous retrouviez tout droit dans le film français Bienvenue chez les Ch’tis. Hé bien, il se pourrait que cette personne soit atteinte d’une dyspraxie verbale. Ce trouble fait partie de la grande famille des troubles du développement des sons de la parole. 

La dyspraxie verbale est un trouble qui affecte la parole, soit la capacité à produire les sons d’une langue. Une langue est un système fait de sons que l’on fusionne pour faire des mots dans le but d’exprimer notre pensée. On apprend à produire les sons de ce système grâce à l’une de nos facultés naturelles : le langage. L’humain a en effet la capacité d’apprendre une langue pour communiquer avec ses pairs.

Encore aux couches, nous apprenons tous à produire des sons. Ces sons sont produits à l’aide des articulateurs : les lèvres, la langue et la mâchoire. Ceux-ci modulent l’air en provenance de la trachée. L’air fait ensuite vibrer les plis vocaux communément appelés « cordes vocales ». Pour chacun des 36 sons de la langue française, on place nos articulateurs d’une façon distincte. Chaque son a son propre patron articulatoire! La production des sons d’une langue est ainsi d’abord et avant tout une activité motrice. Très tôt, nous automatisons les gestes moteurs, les patrons, nécessaires à la production de 36 sons de notre langue.

Ces patrons, nous les apprenons en imitant les sons produits par les gens autour de nous. Dès la naissance, nous prenons conscience des sons de notre langue maternelle que nous associons tranquillement aux sons que nous produisons nous-mêmes. Pour prononcer un mot, nous devons fusionner des sons. Les jeunes enfants, n’ayant pas encore mémorisés ni automatisés les patrons moteurs de 36 sons, doivent se concentrer pour enchainer correctement les sons d’un mot. Il est alors tout à fait normal qu’ils produisent des mots rigolos comme bibothèque au lieu de bibliothèque, camaroni plutôt que macaroni ou simplement sa pour dire chat. 

Or, la personne atteinte d’une dyspraxie verbale, malgré son âge, peine à planifier les gestes moteurs des différents sons nécessaires pour former un mot. Cette personne doit se concentrer pour placer adéquatement ses articulateurs afin de produire un son à la suite d’un autre. L’enfant et l’adulte dyspraxiques se font donc difficilement comprendre par leur entourage en raison de ses erreurs de production de sons : c’est l’intelligibilité de la parole qui est atteinte. 

Par ailleurs, la personne atteinte d’une dyspraxie verbale n’est pas nécessairement atteinte d’un trouble développemental du langage. Dans un tel cas, elle est en mesure d’élaborer ses idées avec un vocabulaire adéquat, tout comme elle est en mesure de bien comprendre le message des autres. Cela entraine souvent une grande frustration puisque la personne sait ce qu’elle souhaite exprimer, mais elle n’arrive pas à le rendre et à se faire comprendre. En contrepartie, la dyspraxie verbale est fréquemment associée à un trouble de la coordination motrice ou un trouble d’apprentissage. La sévérité de la dyspraxie verbale est parfois si importante qu’un outil de communication peut s’avérer nécessaire pour remplacer la parole de la personne atteinte. 

Vous devinez que la personne qui présente d’une dyspraxie verbale est souvent peu encline à entamer et à participer à la conversation : elle est généralement peu bavarde. Elle préfère se taire que d’entendre « Qu’est-ce qu’y dit? ». Dans ce cas, il importe d’être patient et de lui laisser le temps de formuler son idée. Il est possible de mener la conversation en posant des questions fermées qui se terminent par oui ou non. On peut aussi lui donner des choix : « Préfères-tu les films français ou les films québécois? ».

 

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À propos de Geneviève Cusson

Orthopédagogue M.A. et directrice générale chez Futé

Une véritable passionnée de pédagogie et d’orthopédagogie! En fondant Futé, cette orthopédagogue d’expérience veut partager sa passion, son expertise et ses connaissances pour rehausser le niveau de littératie et augmenter la réussite scolaire.

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