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Être dysorthographique à l’ère des communications

Par Geneviève Cusson, orthopédagogue M.A.

Chronique orthopédagogique Mystère et boule de gomme, Ski-se-Dit, avril 2021

Être dysorthographique à l’ère des communications

Il vous est déjà arrivé d’hésiter à écrire un mot ? Que c’est frustrant ! Imaginez ce que peut vivre un dysorthographique qui hésite à écrire chaque mot (ou presque). La dysorthographie est l’incapacité à orthographier les mots, à les écrire sans faute. Il s’agit d’un trouble neurologique qui affecte de 5 à 10% de la population. Ce trouble est associé à la dyslexie et, dans la majorité des cas, à d’autres troubles tels que des difficultés visuelles, motrices, attentionnelles, langagières et de mémoire. 

 

La principale cause à la dysorthographie est une difficulté à manipuler les sons des mots. Pour écrire, il faut d’abord isoler chacun des sons du mot, et ce, dans le bon ordre. Ensuite,  on se doit d’associer une lettre ou un groupe de lettres pour chaque son. Le dysorthographique peut oublier un son dans le mot, en déplacer un, en ajouter un autre ou encore le remplacer par un son semblable. Ainsi, le mot carotte peut être écrit craotte, carode ou crotte.

 

Le cerveau possède une bibliothèque remplie de mots-photos. Il s’agit de mots que l’on peut lire et écrire sans trop en décortiquer les sons. Pour écrire la plupart des mots, nous utilisons ces photos que, simplement, nous reproduisons. Or, le dysorthographique n’a que très peu de photos de mots dans sa bibliothèque. Il doit donc s’appuyer sur chaque son du mot pour écrire les bonnes lettres… avec les difficultés que cela comporte pour lui ! Et puisqu’il existe plusieurs façons d’écrire un même son, le mot carotte peut donc être écrit karautte, quareaute ou karot.  Enfin, orthographier les mots exige une grande concentration de la part des dysorthographiques. Alors l’accord et la conjugaison, n’y pensez pas ! 

 

Avec la peur d’être jugé ou de voir sa copie barbouillée de rouge, les dysorthographiques ne sont d’ailleurs pas très loquaces à l’écrit. Les réponses sont plutôt courtes, voire minimalistes, les mots se répètent. J’ai d’ailleurs toujours soupçonné que mon papa, très possiblement dysorthographique (mais bon, je ne l’ai jamais évalué), ait volontairement saboté sa calligraphie de sorte qu’on ne puisse remarquer ses fautes ! 

 

Alors que les examens se font par écrit, que l’organisation du travail se fait par courriel et que les communications se font par texto, les dysorthographiques peuvent donner, à l’écrit, une apparence de simplicité intellectuelle. Verbalement, il peut cependant en être tout autre ! Ce n’est que leur capacité à écrire qui soit limitée par ce trouble neurologique. De grâce, évitez les commentaires sur la qualité de leur langue écrite. Ils ne sont pas ignorants, simplement dysorthographiques ! Vous souhaitez les aider, donnez leur un modèle des mots bien orthographiés, expliquez pourquoi les mots s’écrivent tels qu’ils s’écrivent, expliquez vos trucs et aidez-les à mettre par écrit leurs pensées. 

 

Je les admire, moi, ces dysorthographiques qui écrivent sur les médias sociaux et qui font fi des commentaires à l’égard de leur « analphabétisme ». Cela requiert une solide estime de soi !

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À propos de Geneviève Cusson

Orthopédagogue M.A. et directrice générale chez Futé

Une véritable passionnée de pédagogie et d’orthopédagogie! En fondant Futé, cette orthopédagogue d’expérience veut partager sa passion, son expertise et ses connaissances pour rehausser le niveau de littératie et augmenter la réussite scolaire.

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